Les origines : Témoignage de Marina Troyanov

НЕТ ХУДА БЕЗ ДОБРА
à quelque chose malheur est bon…

Marina et Tikhon Troyanov

Au XXe siècle dans la jolie ville de Lausanne, sur les bords du lac Léman en Helvétie, vivaient deux jeunes orthodoxes dont les familles avaient fui leur patrie, la Russie de Lénine et la ville de Constantinople d’Atatürk. Merci à ces dictateurs d’avoir favorisé la rencontre de ces jeunes, rencontre pas si anodine puisque, dès le printemps 1970, leur histoire se conjugue avec l’histoire de notre paroisse. Aujourd’hui, en pleine préparation du cinquantenaire de la paroisse, il m’a été demandé de vous raconter justement les prémices de notre paroisse et je rassemble donc mes souvenirs…

Or, voilà que (comme aime à le dire souvent notre cher père Alexandre en cours de sermons)le coronavirus est venu s’en mêler en ravivant, selon le dicton, « à quelque chose malheur est bon », l’enthousiasme et la force qui nous habitaient et que je ressens subitement à nouveau en ces jours. En effet, comme alors, nous devons, aujourd’hui, faire preuve de créativité, d’imagination, d’entraide et de prouesses informatiques pour maintenir le contact entre les paroissiens et combler le vide ecclésial qui s’est installé en plein Grand Carême.

Or donc, je reprends le fil de mes souvenirs qui remontent à la Pentecôte occidentale de 1970, très exactement au 18 mai 1970. Entraînés par Pierre Mirimanoff, nous étions descendus à Marseille avec quelques amis pour participer au Congrès annuel de la JOM (Jeunesse orthodoxe du Midi) dirigé par le regretté père Cyrille Argenti. Merci Pierre, cette expérience a bouleversé ma vie. De retour à Genève et obnubilée par l’enrichissement de ce week-end, j’ai appelé la paroisse grecque en me présentant comme une Suissesse orthodoxe grecque qui ne comprend rien à la liturgie en grec. Ma question était de savoir si, par hasard, la paroisse offrait parfois des liturgies en français.

Mgr Damaskinos de Suisse

C’est le père Damaskinos qui m’a répondu en m’invitant à venir le samedi suivant puisque, justement, on allait célébrer la première liturgie en français. Nous étions quatre curieux, le samedi 23 mai, dans la chapelle orthodoxe de Chambésy. Le père Jürgen Kassing de Taizé célébrait la liturgie et le père Damaskinos chantait. Remarquant que nous chantions aussi, le père Damaskinos nous proposa de chanter à sa place. Pour faire mieux connaissance, il nous invita à prendre un café ensemble après la liturgie et nous offrit de célébrer une liturgie en français, une fois par mois : le troisième dimanche de chaque mois à 8 h 30 du matin avant la célébration de la liturgie en grec dans la même chapelle. On installait spécialement pour nous un petit autel placé devant l’autel principal, offrant ainsi la possibilité de célébrer deux liturgies le même jour en un même lieu.

Père Georges Tsetsis

De quatre curieux nous sommes passés à treize et avons rapidement eu la chance de recevoir un très précieux soutien du père Georges Tsetsis, très intéressé par notre démarche. C’est lui qui a eu l’idée d’organiser un catéchisme pour adultes, c’est lui qui a procédé au premier baptême d’un bébé, qui, plus tard, deviendra l’un de nos paroissiens. C’est lui encore qui présenta notre travail et nos ambitions au Synode à Constantinople pour obtenir finalement pour nous, le 8 août1974, le statut de paroisse : la première paroisse orthodoxe francophone au sein d’un diocèse grec !

Le père Georges continue encore et encore à veiller sur nous, à nous conseiller et nous guider sagement. Merci cher père Georges !

Merci à nos amis les prêtres grecs qui ont officié pour nous pendant cette période de transition avant l’arrivée du père Jean Renneteau au mois de novembre 1974.

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